Trois volets de peinture 1 2 3
L’œil du peintre, nous plonge dans les gestes et les pensées
de ses contemporains, avec ce qu’elle croit être simplement
de l’ironie et de la tendresse et qui pourrait aussi bien passer
pour la plus cruelle des dissections .
On retrouve dans sa manière de peindre le même goût
immodéré pour la couleur, toujours foisonnante, qui se porte
plus volontiers sur les teintes claires et acides comme si persistait,
au-delà de la surface et diffusé à travers l’épaisseur
virtuelle de la toile, le lointain rayonnement d’une source lumineuse.
Sa façon de peindre rappelle aussi le procédé utilisé
pour ses installations projectives : un travail sur la transparence basé
sur le découpage des espaces et la superposition des couches colorées,
bannissant tout effet de matière. La toile ne semble qu’un
écran captant des impressions retenant des traces de lumière
. Anne Laurence TERRASSE nous donne sa représentation de la nature.
Cette série de peintures sont un hymne au couvert végétal
et à ce qu’il nous réserve d’intimité.
Dans ses méandres, elle puise son inspiration et crée des
configurations étranges se substituant à ce que l’on
connaît de ces paysages aux espaces secrets. La
couleur est la maitresse du jeu fantasque de la lumière. Chacune
des propositions picturales est dominée par le choix d’une
couleur unique, ambiante, irradiant l’espace évoqué
de son caractère chromatique et le libérant ainsi d’une
quelconque réalité. -L'eau monte « 2010, l'eau monte... » est le titre d'un nouveau chapitre de la production picturale d'Anne Laurence TERRASSE. Par cette courte phrase, on peut déjà pressentir l'intention dramatique contenue dans l'œuvre. L'auteur née dans la fin des années 50, voit apparaître dés sa jeunesse la préoccupation écologiste et sera, comme ses contemporains, saisie par l'angoisse du désastre annoncé. Cette création picturale est une plongée dans le deuil d'un monde technologique tout-puissant. Sur fond de crise mondiale, on peut imaginer ce face à face amer avec ce héros vacillant sous la donne du joug planétaire. Mais au delà de cette proposition grave, issue de la sensation d'une société en panne, c'est un hommage aux machines, objets aux lignes rigoureuses, usinées pour coopérer avec l'homme, et à leurs bouleversantes présences. Par ces mises en scène picturales de leurs carcasses pourrissantes, à moitié immergées dans la montée des eaux, Anne Laurence TERRASSE cherche à capter l'intensité de cette confrontation entre deux puissances, celle de l'ordre naturel et, signalée par ces monstres de métal éprouvés, celle du désir humain de s'en dégager. C'est l'effet de tension qui subjugue l'auteur. Cette démarche artistique n'est pas morale car qui peut dire ce que représente la Machine dans l'ordre naturel ? Mais l'auteur joue avec ce contexte actuel d'interrogation planétaire pour le pur plaisir de la représentation du drame.
La technique de peinture matiérée , encastrant, dans son
magma organique quelques lignes nettes, renvoie à cette représentation
d'une humanité de moins en moins sûre d'elle-même,
au seuil de l'anéantissement possible. |